– Ce que tu dis là n'est pas faux, ma femme, répondit le père Barbeau en regardant sa femme, qui était encore fraîche et forte comme on en voit peu; mais si, pourtant, à mesure que ces enfants grossiront, ta santé venait à dépérir?

– N'ayez peur, dit la Barbeaude, je me sens d'aussi bon appétit que si j'avais quinze ans, et d'ailleurs, si je sentais que je m'épuise, je vous promets que je ne vous le cacherais pas et il serait toujours temps de mettre un de ces pauvres enfants hors de chez nous.

Le père Barbeau se rendit, d'autant plus qu'il aimait bien autant ne pas faire de dépense inutile. La mère Barbeau nourrit ses bessons sans se plaindre et sans souffrir, et même elle était d'un si beau naturel que, deux ans après le sevrage de ses petits, elle mit au monde une jolie petite fille, qui eut nom Nanette, et qu'elle nourrit aussi elle-même. Mais c'était un peu trop, et elle eût eu peine à en venir à bout si sa fille aînée, qui était à son premier enfant, ne l'eût soulagée de temps en temps en donnant le sein à sa petite sœur.

De cette manière toute la famille grandit et grouilla bientôt au soleil, les petits oncles et les petites tantes avec les petits neveux et les petites nièces, qui n'avaient pas à se reprocher d'être beaucoup plus turbulents ou plus raisonnables les uns que les autres.


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